Tollywood et Bollywood
Depuis quelque temps, Bollywood qui, jusque là, avait été l’industrie cinématographique indienne la plus productive est en difficulté. Avec le confinement et l’émergence des plateformes étrangères, les films d’Inde ne suscitent plus autant l’engouement du public. À cette allure, il est à craindre que cette industrie autrefois florissante sombre totalement. Quels sont les facteurs à la base de la crise de Bollywood ?
La chute de Bollywood et l’émergence de Tollywood
L’industrie du cinéma indien constitue une partie importante de l’identité culturelle locale. Malheureusement, elle est en proie à une crise sans précédent. L’un des éléments qui explique la baisse de la fréquentation des salles de cinéma de Bombay, c’est d’abord le confinement dû au Covid 19. En raison des risques de contamination, le gouvernement a pris des mesures restrictives, dont l’interdiction de fréquentation des lieux à vocation publique.
La pandémie n’est pas la seule responsable des difficultés du cinéma de Bollywood. Si le géant d’Asie du Sud de plus de 1,4 milliard d’habitants est en berne, c’est également à cause de l’émergence de Tollywood, un concurrent inattendu qui lui fait de l’ombre. Dans le sud de l’Inde, plusieurs films sont réalisés en langue Telugu. D’ailleurs, la moitié des recettes des films en hindi qui ont eu lieu entre janvier 2021 et août 2022 a été réalisée par des films provenant du sud, mais doublés en hindi.
La concurrence des plateformes de streaming
L’industrie cinématographique indienne subit les attaques de tous les côtés. Avec l’apparition de la pandémie du Covid, les salles furent momentanément fermées. Les films Bollywood ont beau être des incontournables dans la culture de ce pays d’Asie, dans le but de pallier au manque de sorties et de divertissements, les populations se sont automatiquement tournées vers les plateformes de streaming.
Aujourd’hui, environ la moitié de la population d’Inde a accès à internet. Par conséquent, le recours aux services de streaming tels que Netflix, Disney+ et Amazon Prime s’est rapidement accentué. Selon les estimations du gouvernement, ces sites rassemblent approximativement 96 millions d’abonnés, ce qui est assez vertigineux. Autre facteur, quelques films, lancés après le confinement, ont été diffusés sur ces plateformes, tandis que d’autres productions apparaissaient des semaines plus tard à la télévision. Sans exclusivité, le cinéma perd forcément de son impact et sans les plateformes il perd des gains. C’est un cercle vicieux assez compliqué.
Enfin, l’un des plus gros désavantages, c’est que le billet pour les salles de cinéma est à peine moins cher que le coût d’un abonnement mensuel qui permet d’accéder à bien plus de films. Ayant pris goût au cinéma international, les populations abandonnent les productions locales, ce qui met en difficulté Bollywood.
Le style de Bollywood fait beaucoup parler en Inde
L’industrie cinématographique indienne est sujette à quelques polémiques. Certains critiques reprochent à Bollywood le style trop citadin des films produits. Ils rappellent que 70 % de la population est rurale, ce qui provoque le désintéressement de ce public. Selon certains experts, les choix que les cinéastes jugent pertinent ne le sont pas forcément pour les populations. Dans le but d’attirer plus de public, Akshaye Rathi, grand nom du business cinématographique indien, propose de « créer une expérience narrative qui ne se vit pas à domicile ». C’est une belle idée puisque selon les spectateurs interrogés par l’AFP, la qualité n’est généralement pas au rendez-vous. L’évidence est de plus en plus prégnante : face à la multiplication des écrans, le septième art va devoir trouver d’autres voies.
Si Bollywood et Tollywood sont tous les deux des industries provenant d’Inde, Bollywood éprouve, actuellement, de plus en plus de difficultés à convaincre en raison du prix des tickets dans les salles, du contenu proposé et de la dure concurrence des plateformes de streaming.